samedi 13 mai 2017

Ma fille, j'ai dû apprendre à t'aimer


La maternité m'est tombée dessus comme une tonne de briques. J'avais seize ans, je me cherchais, je n'avais pas encore trouvé la réponse à "que voudras-tu faire lorsque tu seras grande". C'est bien pour dire, je n'avais même pas eu encore mon premier emploi d'étudiante. Pourtant, lorsque j'ai su que j'attendais celle qui allait être la première merveille de ma vie, j'ai su avec certitude que rien ni personne ne parviendrait à me convaincre de ne pas la garder. J'étais soudainement devenue grande et c'est ce que je ferais pour le restant de mes jours; être sa maman. 


Rapidement, j'ai idéalisé notre rencontre. Je compterais enfin pour une autre personne au point d'être tout son monde. Je serais le point central de son univers et elle serait mon unique priorité. Nous allions nous aimer à l'instant même où nos regards se croiseraient. Ce serait le plus grand coup de foudre de ma vie, c'était l'évidence même!


Pourtant, les choses ne sont pas passés ainsi. Mon accouchement naturel fût intensément plus douloureux que tout ce que j'aurais pu imaginer. Lorsqu'elle est née, j'étais en état de choc. Cela a pris quelques jours avant que je puisse me reconnecter avec mes émotions, avec ce que je ressentais véritablement dans le fond de mes tripes. J'aimais cette petite fille, j'en étais même très fière mais je n'avais pas ressenti l'état de grâce auquel je m'attendais. Je n'avais pas entendu les anges jouer de la harpe, je n'avais pas ressenti une boule d'amour me foudroyer le creux du ventre. C'était plus subtil, plus doux, plus progressif que ce que je pensais.


Une fois à la maison, plus les jours passaient et plus je me sentais coupable de ne pas l'aimer au point où ça fait mal. Je ne comprenais pas pourquoi je n'étais pas différente d'avant sa naissance, pourquoi je n'avais pas cette certitude d'être devenue une mère, d'être devenue une autre personne. Je l'aimais, c'est évident mais pas de cette façon fusionnelle à laquelle je m'étais préparée. Je me sentais impuissante face à ses pleurs incessants, je me sentais fatiguée par toutes ses nouvelles corvées. 


Un jour, elle a été malade et nous avons dû l'hospitalisée. Je suis restée auprès d'elle sans la quitter ne serait-ce que cinq minutes. Tandis qu'une infirmière lui tenait fermement le bras afin de lui poser un soluté, elle se débattait en hurlant à plein poumon. C'est exactement à cet instant que j'ai senti mon coeur se serré si fort que j'ai ressenti une douleur physique dans tout mon corps. J'ai su exactement à ce moment précis que je pourrais mourir pour elle. Que je l'aimais plus de jour en jour. Que plus j'apprenais à la connaître et plus l'amour que je lui portais était fort. 


Je ne suis pas de ces Mamans qui ont ressenti l'instant maternelle à son paroxysme à l'instant même où leur bébé fut déposé sur elle. Je suis de celles qui ont dû apprivoiser ce petit être, qui ont dû apprendre à se faire confiance...


Ma fille, j'étais à tes côtés le jour où tu as donné naissance à ta propre fille. Ce jour-là, j'ai ressenti cet état de grâce pour elle. Je l'ai aimé à la seconde même où je l'ai vu parce que tu m'as appris il y a longtemps ce qu'est le véritable amour. Ce jour-là, je t'ai vu tomber en amour avec elle. Je t'ai vu dans toute ta maternité, je t'ai vu devenir une autre femme. Pour toi, contrairement à moi ce fut immédiat, ce fut palpable. Je suis si fière de toi ma fille xx



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