jeudi 2 septembre 2010

Montée de lait


Seule dans mon impuissance, je m'interroge devant certaines incongruités. Rien de dramatique, de simple détail qui éveillent en moins un sentiment d'injustice voire même de révolte face à certaines réalités. Bien que vous le sachiez probablement déjà, j'exerce le métier de préposée aux bénéficiaires ou pour mes lecteurs européens, le métier d'aide infirmière et pour ceux qui lisent ce billet depuis la Suisse, je suis veilleuse... Ceci dit, ici dans mon Québec natal, nous vivons depuis quelques jours collés à nos ventilateur tant la chaleur nous est accablante. Hier, tandis que la majorité des gens dormaient paisiblement, j'étais au travail... J'étais dans une chambre à rafraîchir une dame qui sous l'emprise de l'humidité excessive transpirait à en avoir des malaises. Durant ma tournée, pratiquement tous les bénéficiaires nageaient dans leur sueur et la moiteur de leur peau était perceptible et ce malgré l'épaisseur de mes gants. La sueur perlait à grosse goutte sur mon front, l'air me semblait inexistante ... Une fois terminée, je me dirigea aussitôt au poste de garde afin de me rafraîchir à l'air climatisé, espérant que cela remédierait aux subites nausées qui m'incommodaient. C'est alors que je m'offusqua devant le fait que des gens âgés souffrent de chaleur excessive tandis que la haute direction ainsi que les employés administratifs travaillent tranquillement à leur bureau sans ressentir moindrement les effets insupportables reliés à la chaleur. Comprenez bien que je ne dénigre aucunement leur travail et que je ne remets en doute l'ardeur de leur tâche. Je dis simplement qu'ils courent pas partout comme des poules sans têtes, ne donnent pas des bains dans une pièce frôlant une température comparable à celle d'un spa. Ils ne se battent pas avec un chandail devenu trop petit pour la résidente ou un pantalon qui refuse de glisser sous la moiteur. Ils n'utilisent pas de matériaux qui exige force et minutie. Ils ne se penchent pas mille fois à la seconde pour attacher des souliers, mettre des pantoufles, ramasser le matériels souillés par terre et cela en étant le plus rapide possible compte tenu le laps de temps accordé. Ils ne poussent des chaises roulantes, n'aident des personnes corpulente à se lever. Logiquement, plus on bouge et plus on a chaud... Qui sont les employés qui bougent le plus en santé??? Ceux qui travaillent sans air climatisé.... Et les malades? Comment se fait-il qu'il ait mal à dormir tant la chaleur les incommode? Qu'ils en perdent même l'appétit... Durant les périodes de grandes chaleurs, les décès se succèdent tandis que la haute direction et les employés de bureau travaillent paisiblement au frais... Je trouve simplement qu'il n'y a pas d'équilibre et de justice...

Aujourd'hui, tandis que mes grandes filles revenaient du secondaire (lycée) et que ma plus vieille avaient les collés au fond et le visage visiblement lustré par la moiteur, je me surpris à me révolter de nouveau. L'école possède l'air climatisée certes mais dans la cafétéria et dans les bureaux administratifs... Pourquoi nos jeunes doivent-ils être confinés en grand nombre dans de petits locaux sans bénéficier de ce privilège? Comment leur demander de demeurer concentrés pour une longue période tandis que l'air ambiant est des plus insupportable? Que dire de ma benjamine qui revient le soir les cheveux imbibés de sueurs et les vêtements qui lui collent désagréablement à la peau? La chaleur accroît la fatigue et le manque de concentration voila pourquoi le personnel de soutien et la haute direction ne peuvent se permettent de travailler sous le poids de la chaleur...

Comment traitons-nous nos aînés et notre relève? Et nos enseignants à qui nous demandons douceur, patience et compétence... Et les préposées et infirmière qui n'ont à peine qu'une minute pour souffler tant elles coursent contre la montre... Et si par mégarde une erreur humaine surviendrait en ces jours où le commun des mortels devant sont climatiseur à peine à endurer sa propre peau, nous ne pourrions certainement pas dire:- je suis désolée, épuisée par la chaleur, j'ai manqué de concentration-"... Et si par malheur, un enseignant perdait patience, un procès s'en suivrait sous peu... Les jours de chaleurs excessives, j'ai peine à garder mon sang froid et à ne pas perdre patience lorsque mes filles cahotent autour de moi... Je ne survivrais jamais dans une pièce exergue entourée d'incontrôlables adolescents ....

A défaut de travailler dans de décentes conditions, je lève mon chapeau à tous ceux qui comme moi offre de par leur métier des services essentiels à notre société et ce à la sueur de leur front....

Mel xx
ocean-rose17@hotmail.com