mardi 28 mars 2017

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne: J'ai repassé dans ma tête des milliers de fois ce qui s'est passée ces 3 nuits-là. J'ai analysé seconde par seconde les événem...

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

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Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Ce que je n'ai jamais dit à personne

J'ai repassé dans ma tête des milliers de fois ce qui s'est passée ces 3 nuits-là. J'ai analysé seconde par seconde les événements. Parfois, je me disais que c'était de ma faute, que j'avais sans doute dû te faire saisir que j'avais un petit bégin pour toi, que je te trouvais beau et intelligent. J'avais douze ans, tu en avais vingt trois. Tu étais un homme, un adulte et moi je sortais à peine de l'école primaire. À douze ans, il est normal de trouver un jeune adulte de notre entourage beau, à douze ans on fantasme sur eux sans la moindre intention sexuelle. À douze ans, je demandais encore aux petits gars de ma rue de sortir avec moi en cochant oui ou non sur un petit bout de papier. À douze ans, je jouais à vérité et conséquences. Je venais de "frencher" pour la première fois avec Daniel Lanthier avec lequel je sortais par intermittence depuis mes dix ans. Daniel était plus vieux de deux ans, j'avais refusé d'aller plus loin et il m'avait laissé parce que je n'étais pas "déniaisée". Dans ma tête de douze ans, j'étais convaincue qu'il serait mon premier. J'ai longtemps regretté de ne pas lui avoir dit oui, ça m'aurait fait une première fois normale à raconter à mes filles. 


 Ça m'a frappé ce soir, parce que oui je l'avoue j'en suis venue à être tellement mélangé dans le rôle que j'avais joué que cela m'a même parfois fait penser que je t'avais peut-être accusé à tort. Après tout, je te trouvais beau. On m'avait agressée de mes 6 à mes 9 ans. C'était peut-être moi qui leur envoyait un certain signal? On ne pouvait pas à un si jeune âge attiré autant de loups sans en être la cause? Cela n'arrivait pas à mes amies (mis à part une), cela devait vouloir dire que c'était moi le probleme. Je te trouvais beau, est-ce que cela signifie que je te voulais, que je le cherchais?


J'ai eu honte de moi par rapport à toi presque toute ma vie, étant incapable de vivre avec se doute en moi; et si ce n'était pas un viol? Et si d'une façon ou d'une autre je t'avais permis d'en venir jusque là? Peut-être savais-tu que je te trouvais beau?


J'ai le cœur qui débat ce soir parce que je réalise l'absurdité de mon raisonnement. J'avais douze ans, j'étais immature. J'avais une permanente mal réussie, des grosses lunettes dont le verre si épais me déformait les yeux. Je portais des camisoles sport en guise de soutien-gorge, je portais des chandails Mickey Mouse. J'étais une enfant qui avait l'air d'un enfant. Je ne connaissais pas les hommes, je ne connaissais pas le jeu de séduction propre aux adultes. Comment ais-je pu porter toutes ces années ce fardeau de culpabilité? 


J'ai repassé des milliers de fois ces nuits-là. Mes parents étaient partis en vacances, une vieille dame nous gardait. Elle a fait un arrêt cardiaque et ils t'ont demandés de rester avec nous. Tu as accepté et honnêtement je me souviens clairement d'avoir été contente que ce soit toi. Une raison de plus qui m'a poussé à croire durant toutes ces années que c'était peut-être de ma faute. Je dormais cette nuit-là lorsque je me suis réveillée parce que quelque chose de lourd était sur moi, c'était toi. Couchée sur le sol, le bas de mon pyjama enlevé, je ne comprenais pas ce qui se passait. J'ai eu mal très mal. J'ai pleuré, je t'ai dit non, je t'ai supplié. Tu m'as fait taire, je me suis réfugiée dans le silence des larmes qui coulèrent sur mes joues. Tu t'es levé en m'ordonnant de me recoucher, je t'ai écouté. Deux autres nuits se sont enchaînées, trois autres nuits dont je porte encore le poids des larmes versées. 


Mais comment ais-je pu croire que j'avais pu le mériter? Je tremble en écrivant ces lignes car une infime partie de moi le pense encore. Je n'avais que douze ans, je n'étais qu'un enfant! J'ai 4 filles dont trois qui ont eu 12 ans. Je les ai observées durant leur douzième été, me disant à quel point elles étaient petites, à quel point il était impossible qu'elles lancent le signal à un adulte qu'elles pouvaient d'une façon ou d'une autre indiquer leur accord à une relation sexuelle. Comment ais-je pu croire que pour moi cela avait pu être différent?


Lorsqu'on a douze ans on ne donne pas notre accord à un homme, il le prend! Lorsqu'on dort et qu'on a jamais eu de relation sexuelle de notre vie, on ne peut pas donner notre accord, il le prend! Trouver un homme beau, n'est pas un acte de consentement à une relation. Lorsqu'on a douze ans, nous avons le bégin pour des acteurs, des p'tits gars de notre classe, les frères plus vieux de nos amis mais nous ne voulons pas coucher avec eux pour autant! On n'accepte pas la sodomie ! On accepte pas de perdre notre virginité non plus aux mains de ceux qu'on trouve beau !


Dire que je me suis sentie coupable toute ma vie simplement parce que je t'avais trouvé beau ! La vérité c'est que tu m'as violé, que tu méritais les six mois de prison que tu as fait, que tu m'as enfermée durant une vingtaine d'années dans une prison encore pire que la tienne, celle de la culpabilité !


Il est impossible que je sois la seule à croire que j'aurais pu le mériter d'une façon ou d'une autre. Je suis un livre ouvert, je raconte ma vie à qui veut l'entendre mais ce que j'ai écris dans ce billet, je ne l'ai jamais dit à personne ! Lorsqu'on me disait que j'étais courageuse d'être passé à travers cela, je me disais dans le fond de mon coeur que je n'étais pas courageuse, que j'étais coupable de l'avoir trouvé beau ! Personne ne sait le nombre de fois où j'ai pu me demander si c'était de sa faute ou de la mienne! Si vous vous reconnaissez dans ce texte et que vous avez envie d'en parler, n'hésitez pas à m'écrire, je prendrai votre main, j'écouterai votre histoire. 


Après toutes ces années, je peux dire avec une quasi certitude que tu m'as violée et que je ne l'ai pas cherché car à douze ans on cherche tout sauf ça !

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lundi 27 mars 2017

Ma petite chérie


Ma petite chérie, du haut de tes 14 longues années d'expériences en tant que terrienne, tu es persuadée que ma mission ici-bas est d'être sur ton dos, de scruter à la loupe tes moindres gestes afin de m'en servir comme munitions contre toi. Ma petite chérie, toi qui sembles connaître ce que la vie a en réserve pour toi,  qui semble convaincue que ton avenir se dessinera devant toi sans le moindre effort, que tu n'auras qu'à emprunter le chemin du succès pour récolter les fruits d'un travail que tu n'auras pas fait. Ma belle petite chérie, toi qui est plus riche de 14 printemps, pourrais-tu prendre le temps d'écouter ta Maman?

Tu argumentes lorsque je te demande de faire ta chambre, prétextant que c'est TA chambre et que par conséquent je devrais te permettre de l'entretenir à ta guise, selon tes envies et ta motivation. Tu as raison, c'est ton espace, personne mis à part toi n'y a accès. Si je tiens à ce que tu la tiennes propre, ce n'est pas pour en faire une salle d'exposition pour nos visiteurs ni pour la poster sur Printerest avec la légende "la parfaite chambre d'ado, partagez ma fille est une reine du foyer". Non, je tiens à ce que tu apprennes dès maintenant à entretenir ton espace de vie, qu'il s'agisse de ta chambre, d'un logement de 2 pièces ou d'un manoir.  Tu crois que ma principale motivation est de te faire suer mais mon objectif n'est que de t'inculquer le désir de vivre dans un environnement propre et organisé ou du moins le plus loin possible du cahot bordélique dans lequel tu vis présentement. Que tu remettre cinq fois au lavage un chandail déjà lavé que parce que tu ne l'avais pas rangé et qu'à force de traîner sur le sol il est plus facile de me le redonner à laver que de lui trouver une place dans un tiroir qui une fois ouvert ne se referme plus, ce n'est pas te montrer à t'éviter plus tard une surcharge inutile de travail dû à ta négligence ou ta paresse. Je vais te confier un secret: ta chambre dans le fond, je m'en fou complètement, tu ne me croiras pas mais c'est pour ton futur chez toi que je fais tout ça, pour celui qui partager le même espace que toi, pour mes futurs petits-enfants qui grandiront dans ce foyer dont tu seras la reine, dont tu seras l'exemple.


Tu crois de tes 14 ans que je surveilles ce que tu dis sur les réseaux sociaux que pour te contrôler, t'épier, te faire suer. Si je te manifeste mon mécontentement, que je t'ordonne d'effacer certains mots ce n'est que pour t'apprendre comment interagir en société, à te montrer à traiter les autres avec respect, à te guider dans ton apprentissage de comment devenir une bonne personne. C'est pour te protéger aussi, être le signal d'alarme qui t'avertira du danger devant toi. C'est mon rôle de te faire comprendre que les mots peuvent faire mal, que notre droit à la liberté d'expression n'est pas un pouvoir à prendre à la légère. Il est de ma responsabilité à te faire comprendre que chaque syllabe à sa portée et que chaque mot peut s'il est bien placé faire naître des larmes qui n'ont pas leur raison d'être, Je me dois de te prendre la main afin de te montrer que le web s'il est virtuel, ses conséquences sont bien réelles. Je vais te confier un secret: je veux seulement m'assurer qu'un jour tu pourras être fière de la trace virtuelle que tu auras laissé, que tu n'auras jamais à vivre avec les conséquences de photo que tu auras envoyée, de mots que tu aurais lancé. Je le fais pour toi, pour que tu m'apprennes pas à tes propres dépends que les écrits restent et ressortent lorsqu'on s'y attend le moins.


Du haut de tes 14 longues années d'expériences, je comprends très bien que tu ne saisisses pas l'importance d'une scolarité appropriée. Tu crois que j'ignore à quel point aller à l'école peut être lassant et difficile. Tu crois que je ne fais pas confiance que tu pourras te trouver un bon emploi sans scolarité. Ce que toi tu ne comprends pas c'est que ton apprentissage académique est la fondation de ce que tu seras demain, de ce que tu seras en mesure de réaliser. Ton assiduité et ta motivation actuelle définira le genre de travailleuse que tu seras.J'ai un secret à te confier: que tu fasses des études supérieures ou non ne changera jamais le regard que je porterai sur toi et sur ton potentiel à réussir ta vie mais c'est mon rôle de te pousser à donner le meilleur de toi-même dans tout ce que tu feras, de tout donner avant de d'abandonner.

Ma petite chérie, ta vie commence à peine, la mienne est déjà riche en Printemps. Je ne pourrai jamais empêcher toutes tes larmes de coulées mais il est de mon devoir d'essayer de t'en faire verser le moins possible. Je ne suis pas une Maman fâchée, toujours sur ton dos, je suis une Maman qui façonne doucement la jeune femme que tu deviendras en te remplissant ton sac à dos d'outils dont tu auras de besoin durant toute ta vie

Je t'aime de tout mon coeur.






dimanche 26 mars 2017

En 1980


Je suis née à la fin des années 1970, à l'époque où tout était brun et beige. Le mobilier, les façades des maisons, les voitures, les vêtements, tout y passait et pire encore, tout était ton sur ton. En 1978, Travolta faisait frissonner les "ma tantes" là où ça chatouille. J'ai grandi dans le temps où presque rien n'était interdit, où la fumée de cigarette guérissait supposément les maux de gorge et les otites. Ce temps où les bébés étaient nourris à grandes cuillèrée de céréales dès le premier signe qu'ils étaient prêts, c'est-à-dire vers l'âge de 3 semaines, où on calmait leurs pleurs à grand coup de suce trempée dans le sirop d'érable. Puis, mon enfance s'est dessinée sous l'influence des années 1980, en ce temps précis où les dents naturelles étaient rarissimes, où l'on célébrait notre majorité en arborant fièrement notre nouveau set de dents en plastique.


Les fameuses années 1980 où j'ai connu la danse des canards mais surtout l'inoubliable coupe de cheveux de Nathalie Simard. J'ai vu les adultes se bomber le torse en citant René Lévesque, je les ai vu revendiquer avec ferveur le pays qui selon eux leur revenait de droit. Je les ai vu aussi devenir morts de peur devant le sida, ce nouveau fléau qui semblait les effrayer comme si leur vie en dépendant. Je les ai vu éviter soudainement leur frère ou leur ami sous prétexte qu'ils étaient homosexuels, qu'ils n'étaient pas normaux.

Je viens de ce temps où s'habiller "Au Cotonnier" était cool, où porter des vêtements Vuarnert ou du "hand loose", l'était encore plus. Je viens de ce temps où toutes les familles avaient une ma tante Ginette qui venait de se découvrir un certain talent pour la réalisation d'affreuses permanentes, bref de ce temps où nous avions tous les cheveux grichoux, brûlé de par ces d'à dangereuses expérimentations. Je suis passé de petite à grande fille dans cette décennie où la toilette du matin nécessitait une bouteille de fixatif à cheveux pour se crêper le toupet en chantant à tue-tête "Vivre dans la nuit".  J'ai survécue à la mode des coupes champignons mais pire encore des coupes Longueuil. 

J'ai grandi en un temps où nous retrouvions les enfants à l'extérieur qui jouant pour la plupart tous ensembles jusqu'à ce qu'un de leur parent crie leur nom dans la ruelle.  signe manifeste qu'il avait besoin de lui pour une commission. En effet, l'enfant dont le principal rôle était "commissionnaire aux commissions du dépanneur",, s'y rendait alors accompagné de tous les jeunes de la rue, achetait les cigarettes, le 2 litres de Pepsi et quelques minis, allait les porter à sa mère en courant puis retournait jouer jusqu'au souper.

En 1980, j'avais une poupée qui sentait les Fraises, je mangeais des céréales qui goûtaient les fraises. En 1980, tout était possible, tout était beau, tout était fluo. Enfin libérés du brun et neige, les gens devenus fous optèrent pour le flamboyant, le plus que pas assez le maudît fluo. Mes années 80 furent marquées par Alf, Punky, Madonna, Calimero, Remy, Épopée Rock, Diane tell, Charlebois, Mickael Jackson, de Mickaël J Fox qui se promenait à travers le temps dans sa DoLorean.

Nous fabulions autourdun feu dans un camping douteux en racontant qu'en l'an 2000 les voitures voleraient, qu'on pourrait se voir en parlant au téléphone, que nous aurions des robots en guise de serviteurs. Je ne vous parle pas ici de nos espérances de parvenir à nous téléporter, à trouver un remède au cancer, à concevoir une pilule qui nous rendrait éternelle.

Je suis une petite fille des années 1980 et j'en suis sacrément fière lorsque j'y pense :)

Aux portes de la dépression

Tel un funambule, je marche précairement sur un fils de fer. Contrairement au funambule, je n'ai ni l'agilité, ni l'équilibre pour effectuer un tel exploit. Je vais tomber, je le sais, c'est l'évidence même. Mais je n'ai pas le choix, je suis déjà engagée sur ce mince fil. Que je rebrousse chemin ou que je continue jusque sur l'autre rive, la distance et la même et le risque s'équivaut. Je suis fatiguée, dans mon coeur et dans ma tête. Mes pensées m'épuisent, mes jambes tremblantes ne semblent plus vouloir me supporter. Je me sens prise dans ce bonheur illusoire qui est pourtant supposé me combler de bonheur. Ne suis-je pas une combattante, une guerrière, une exemple de courage? Mais non, je ne suis qu'une pauvre femme dans toutes sa complexité.

J'ai l'impression que la dépression est à ma porte. J'ai barricadée toutes les entrées, je pousse contre la porte, je tente de la repousser, de l'empêcher d'entrer mais elle me semble plus forte que moi. La barrière que j'ai construite avec des pièces trouvées ici et là, menace de céder à tout instant. Même le chien que je me suis procurée pour m'en protéger semble terrifié devant son insistance. L'ombre d'une imminente dépression menace l'accalmie de mes nuits faisant de mes songes, un amasis de cauchemars me réveillant par mes propres hurlements.

Je me cache sous mon lit, espérant la semer. Je ne pourrai pas passer le reste de mes jours à la fuir, à tenter de la semer. Je n'aurai sans doute pas le choix de la piéger, d'y faire face, de la regarder droit  dans les yeux.

Il paraît que j'ai tout pour être heureux, que je n'ai aucune raison de me plaindre. Il paraît qu'il y a des gens qui vivent des épreuves beaucoup plus difficiles que les miennes. On raconte que je n'aurais qu'à me botter les fesses et que tout finira par bien aller. On raconte même que se mettre une telle chose dans la tête, c'est finir par y croire par choix.

Tout ira bien, je le sais bien, j'avais seulement besoin de lever le drapeau blanc...

jeudi 23 mars 2017

M'aimeras-tu encore?


Je me souviens de ce soir il y a longtemps où tu m'as promis de m'aimer jusqu'à mon dernier souffle de vie. Nous étions jeunes, nous étions fous, les années n'avaient pas encore eu raison de nous. Le sablier du temps, s'est tout doucement rempli de par ces milliers de grains de sable, ces milliers de sourires, ces milliers de larmes. Aujourd'hui, me referais-tu cette promesse que tu m'as faite ce soir d'été où tout était parfait sous ce ciel étoilés? M'aimes-tu toujours malgré mes humeurs, mes failles, mes peurs et mes angoisses? Maintenant que tu sais qui je suis, que tu connais l'antre de mes secrets, peux-tu encore me dire que tu m'aimeras toujours? Seras-tu encore là, lorsque mon corps fatigué refusera de prendre le tien? Me tiendras-tu la main lorsque je ne pourrai plus marcher? Me combleras-tu de tes maigres avoirs lorsque je serai ruinée, Iras-tu te battre pour moi lorsque j'en aurai plus la force? M'aimeras-tu pour deux, lorsque je me détesterai au point de me maudire? Sauras-tu me calmer lorsque j'aurai envie de tout détruire autour de moi? Et si je partais à m'en perdre l'âme quelque part, me retrouverais-tu? M'aimes-tu encore, me choisis-tu encore chaque jour? Et s'il adviendrait que tu penses à une autre plus d'une fois par jour, la chasserais-tu de ton coeur pour me le redonner dans son entièreté? Et si demain, le destin s'acharnerait sur moi, me rendant gravement malade, m'aimeras-tu encore? Feras-tu parti de ces hommes qui restent, des hommes qui aiment malgré les malgrés? Je te le demande, demain, m'aimeras-tu encore?

mercredi 15 mars 2017

La main du diable


Mon amie, tu me disais que tout allait bien, que tu filais le parfait bonheur avec celui que tu appellerais l'homme de ta vie. Quelque chose en moi, me faisait croire le contraire mais tu insistais tellement sur l'avenir grandeur de votre amour que j'ai fini par te croire. Lorsque honteuse, tu m'as confié avoir été bousculée lors de votre dernière chicane,  j'ai aussitôt compris dans quel cercle vicieux tu étais prise. Comment pourrais-je te faire comprendre que lorsqu'on aime mal, on n'aime pas vraiment ? Que l'amour n'est pas fait d'injures ou de bousculades? Que l'amour doit te donner des ailes et non de te les arracher?


Peu après ma séparation d'avec le père de mes filles, j'ai fait la connaissance de Yannick. Comme je l'aimais! Après une relation de près de 10 ans, je ne désirais qu'une chose; aimer et être aimée. Rapidement, les gens de mon entourage m'ont mis en garde, selon eux il ne me méritait pas. Évidemment, je n'ai pas porté attention à leur mise en garde. J'étais même déçue qu'ils ne soient pas heureux pour moi. Plus ils parlaient en mal de Yannick, plus je le défendais, plus je m'éloignais d'eux.


J'ai rapidement compris qu'il n'était pas comme les autres, qu'il avait une certaine froideur mais dans ma désolante naïveté, je croyais que cela le rendait mystérieux. La noirceur de son âme s'est présentée à moi lentement, hypocritement, sournoisement. Il etait trop tard, je l'aimais.


Au début, il n'était pas violent physiquement. Il me faisait plutôt sentir coupable pour tout ce qui lui arrivait, me faisait payer pour tout, empruntait mon auto même si je ne voulais pas, me faisait courir le rejoindre chez lui aux grés de ses désirs, aux grés de ses besoins.


Yannick jouait de la guitare, il adorait le heavy métal. Bien que je détestais ce genre de musique, il se tenait des heures debout dans mon salon à jouer d'interminables partitions. Assise sur le divan, il insistait pour que je demeure là à l'écouter jusqu'aux petites heures du matin. Une nuit, je me suis endormie tandis qu'il jouait un morceau qui selon ses dires était si difficiles que seul les vrais guitaristes étaient capables de la jouer. Je venais à peine de m'assoupir, il est venu près de moi et m'a versé son verre de lait dans le visage. Tandis que je me réveillais en tentant de comprendre ce qui s'est passé, il a pris son cendrier et me l'a également lancé au visage. Terrorisée, j'avais peur de me lever, de réagir, de lui ordonner de partir. Je me suis donc assise puis j'ai pleuré tant j'étais humiliée . Il a alors pris sa bouteille de bière de la soirée qu'il n'avait pas terminée, s'est approché de moi et me l'a versée sur la tête en me regardant droit dans les yeux. Il m'a dit "vas-tu l'écouter là ma toune!? Je te joue quelque chose d'exceptionnel et toi tu m'insultes en me dormant dans la face"!!! J'ai alors pleuré toutes les larmes de mon corps en demeurant assise à l'écouter couverte de liquide et de résidus de cigarettes.  Je me répétais que le lendemain tandis qu'il serait au travail je lui téléphonerais pour lui dire de ne plus jamais revenir chez moi sous peine de porter plainte. J'aurais voulu qu'il parte sur le champ mais vivant dans une petite maison isolée en campagne, je redoutais sa colère.


Le lendemain,  je me suis rendue chez sa mère afin d'aller lui porter toutes ses choses et de récupérer ce que je pouvais avoir oublié chez lui. Sa mère qui était en pleurs m'a aussitôt demandé comment allait son fils, s'il me paraissait différent. Elle m'expliqua qu'il était ni-polaire et qu'elle venait de découvrir qu'il avait cesser de prendre sa médication depuis que j'étais dans sa vie. Elle insista sur le fait qu'il devenait une autre personne lorsqu'il n'était pas medicamenter et qu'elle avait peur qu'il se suicide si je le laissais tomber aussi brutalement. Ce soir-là, il se présenta penaud devant ma porte, se confondant en excuses. Il me parla longuement de sa maladie. Sa vulnérabilité et sa fragilité me touchèrent. Il me supplia de lui donner une seconde chance en promettant de prendre religieusement sa médication.



Empathique et ayant la fausse impression de comprendre son étrange comportement des semaines précédentes, j'accepta de rester à ses côtés. Tout se replaça très rapidement, me permettant de croire que tout cela s'était produit que parce qu'il avait cessé sa médication car depuis qu'il l'avait recommencé il s'avérait être un véritable amour. J'étais stupidement convaincue que ma douceur parviendrait à calmer cette colère qui semblait bouillir en lui.



L'accalmie dura quelques mois, me faisant croire que j'avais eu raison de penser qu'il pouvait changer que tout allait rentrer dans l'ordre. Sa fête approchant à grand pas, j'ai voulu lui préparer une surprise qu'il ne pourrait pas oublier. J'ai alors réserver un tour d'hélicoptère partant de St-Jean-sur-le Richelieu pour aller survoler l'île de Montréal. Je réserva une chambre d'hotel et un bon restaurant. Tout allait être parfait.


Le jour venu, on se rendit là-bas sans qu'il ne le sache. Durant le vol, il ne souffla pas un mot, ne souria pas, demeura de glace. Sur le chemin entre l'activité et le restaurant, il explosa de colère me traitant de tous les noms. Il avait peur des hauteurs, je l'avais conduis là que pour l'humilié, que pour rire de lui. Je me confondis aussitôt en excuses, lui jurant que je n'étais pas au courant, que ma seule intention était de lui faire plaisir. Je m'excusa en pleurant, le suppliant de se chasser la colère qui l'habitait visiblement. Au restaurant, il me fixa avec hargne, la mâchoire serrée, le regard plein de reproches. Nous n'avions pas terminé de manger lorsqu'il se leva en me disant "là c'est assez ma criss de salope, on s'en va"!!!


Ne comprenant pas ce qui se passait, je lui demanda en pleurant de rentrer à la maison. Il refusa, voulant aller discuter à l'hôtel. Loin de chez moi, je n'avais d'autre choix que de le suivre. Une fois à la chambre je lui demanda de m'expliquer la raison de sa colère. Il me répondit que je riais de lui; qu'au restaurant j'avais passé mon temps à regarder le gars derrière lui, qu'il m'avait vu lui mimer mon numéro de téléphone en lui disant de me téléphoner. Ce fut trop pour moi, j'explosa en larmes. Je me suis levée, prenant les clefs de mon auto en lui disant que je rentrais chez moi et que notre relation se terminait sur le champ. Il m'a aussitôt tirée par les cheveux, me propulsant sur le lit. Il lança mon téléphone cellulaire sur le mur, puis s'empara de mes clefs de voiture. Cette nuit-là, il m'a frappée à grands coups de pieds dans le ventre en me disant que c'était ce que méritait une salope dans mon genre. Tandis que je le suppliais de partir, il m'a arraché mes vêtements, m'a empoignée par le bras, à ouvert la porte de la chambre et m'a poussé dans le corridor. Sachant à quel point j'étais complexée, il se doutait bien que je serais incapable de me rendre à la réception de l'hôtel. Quelques minutes plus tard, il m'a fait rentrer puis m'a tenue réveiller toute la nuit en m'injuriant et en me frappant. 


Le lendemain, sur le chemin du retour, il m'a laissé sur le bord de la grande route menant à mon village. Il a récupéré sa voiture puis est parti. Lorsque je suis rentrée chez moi, tous les fils de ma maison étaient coupés soit les fils de mes télévisons, de mes DVD, des charges de mon ordinateurs, de ma caméra. Il avait déchiré mes photos, avait arraché le "tape" des vidéos cassettes de mes accouchements, de mes voyages et de tous les films que j'avais fait de mes enfants. Tout ce qui était cher à mon coeur était détruit, tous mes souvenirs, mon amour-propre aussi.


Je me promis ce jour-là de ne plus jamais excuser la violence conjugale, de ne jamais isoler le premier événement en tentant d'y trouver une explication. Yannick, tenta plusieurs fois de revenir, m'harcelant au téléphone, se rendant même devant chez moi. Une personne qui était très importante dans ma vie était dans le monde criminel, il me menaça de le dénoncer si je n'acceptais pas de lui donner une autre chance. J'étais évidement morte de peur mais je refusa tout de même de lui ouvrir la porte, de lui permettre de m'approcher. 


Un an plus tard, il se présenta chez moi avec des espèces de bricolage, me disant qu'il avait été interné et qu'il avait fait ses créations en pensant à moi. Je referma la porte, refusant de l'écouter. Mais tu sais quoi mon amie? J'ai compris que peu importe ce que j'aurais fait pour lui, jamais je n'aurais pu l'aider, le sauver, le rendre plus doux car il était mentalement malade. Mais tu sais ce qui est le plus ironique ma belle amie? C'est que tu étais de celle qui me disait jadis de prendre mes jambes à mon cou, de me sauver des mains du diable.


Aujourd'hui, c'est à mon tour de te dire de partir le plus loin que tu peux de son emprise, qu'il finira par te brûler les ailes, par effacer toutes les couleurs de ton âme qui te rendent si belle et lumineuse. Le prix à payer pour rester à ses côtés est beaucoup trop élevé. S'il n'en vaut pas la peine, toi en revanche tu vaux tout l'or du monde. Viens me voir, viens je vais t'écouter pleurer, je vais te consoler et te raconter la fois où j'ai laissé les mains du diable se poser sur moi.


mardi 14 mars 2017

Ma mère chantait toujours


On m'avait dit que le temps arrangeait les choses, qu'il adoucissait les peines, qu'ils guérissait les coeurs les plus meurtris. Je me suis accrochée à cet adage comme la misère sur le pauvre monde. Je me le suis répétée sans cesses jusqu'à ce que je finisse par le croire. J'ai essayé de guérir mon coeur en le remplissant d'amour, des plus beaux souvenirs écrits sur l'ardoise de ma mémoire, en m'entourant de gens plus merveilleux les uns que les autres. J'ai tout d'abord cru que je pourrais engourdir ce mal en buvant mais par chance après moins de six mois je me suis rendue compte que je n'aimais pas l'alcool et je n'ai jamais bu depuis. J'ai pensé me droguer à en perdre mes pensées mais j'ai eu beaucoup trop peur d'aimer ça et d'y plonger tête première comme pour faire taire l'écho des larmes. 


Ne sachant que faire, je me suis résignée à survivre tout simplement. Ma vie de maintenant n'a rien à voir avec ma vie d'avant car il y aura toujours ma va vie avec toi et ma vie sans toi. 


C'est ton anniversaire. Ce jour jadis joyeux est devenu un jour qui fait mal, qui m'écorche l'âme. Une alarme programmée me rappelant qu'une année de plus sans toi se terminait faisant place à une autre remplie de joie que tu ne vivras pas, remplie de larmes que tu ne consoleras pas.


Il m'arrive d'avoir l'impression d'errer sans trop savoir où aller. Passer devant chez toi m'est encore difficile. Je suis orpheline de toi Maman. Depuis, il manque une nuance dans les couleurs de mon âme. Bien que les étoiles soient plus brillantes, le soleil tant qu'à lui a perdu un de ses rayons.


Notre histoire commune s'est terminée promptement sans que je ne puisse terminée ma phrase, sans que je ne puisse écrire la fin. 


Si le temps arrangeait réellement les choses, il t'aurait fait revenir. Si le temps apaisait la peine, je pourrais parler de toi sans pleurer. En fait, le temps ne fait que m'éloigner de plus en plus de ce jour où tu étais encore là. Je me console un peu en me disant qu'il me rapproche également du jour où je pourrai enfin te raconter tout ce que tu as manqué.

Tu manques à ma vie, à chacun de mes sourires, aux souvenirs que je façonne sans toi. Tu manques à mon histoire, à ce que je deviens sans toi.