mardi 28 mars 2017

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne: J'ai repassé dans ma tête des milliers de fois ce qui s'est passée ces 3 nuits-là. J'ai analysé seconde par seconde les événem...

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

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Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Le Jardin des Secrets: Ce que je n'ai jamais dit à personne

Ce que je n'ai jamais dit à personne

J'ai repassé dans ma tête des milliers de fois ce qui s'est passée ces 3 nuits-là. J'ai analysé seconde par seconde les événements. Parfois, je me disais que c'était de ma faute, que j'avais sans doute dû te faire saisir que j'avais un petit bégin pour toi, que je te trouvais beau et intelligent. J'avais douze ans, tu en avais vingt trois. Tu étais un homme, un adulte et moi je sortais à peine de l'école primaire. À douze ans, il est normal de trouver un jeune adulte de notre entourage beau, à douze ans on fantasme sur eux sans la moindre intention sexuelle. À douze ans, je demandais encore aux petits gars de ma rue de sortir avec moi en cochant oui ou non sur un petit bout de papier. À douze ans, je jouais à vérité et conséquences. Je venais de "frencher" pour la première fois avec Daniel Lanthier avec lequel je sortais par intermittence depuis mes dix ans. Daniel était plus vieux de deux ans, j'avais refusé d'aller plus loin et il m'avait laissé parce que je n'étais pas "déniaisée". Dans ma tête de douze ans, j'étais convaincue qu'il serait mon premier. J'ai longtemps regretté de ne pas lui avoir dit oui, ça m'aurait fait une première fois normale à raconter à mes filles. 


 Ça m'a frappé ce soir, parce que oui je l'avoue j'en suis venue à être tellement mélangé dans le rôle que j'avais joué que cela m'a même parfois fait penser que je t'avais peut-être accusé à tort. Après tout, je te trouvais beau. On m'avait agressée de mes 6 à mes 9 ans. C'était peut-être moi qui leur envoyait un certain signal? On ne pouvait pas à un si jeune âge attiré autant de loups sans en être la cause? Cela n'arrivait pas à mes amies (mis à part une), cela devait vouloir dire que c'était moi le probleme. Je te trouvais beau, est-ce que cela signifie que je te voulais, que je le cherchais?


J'ai eu honte de moi par rapport à toi presque toute ma vie, étant incapable de vivre avec se doute en moi; et si ce n'était pas un viol? Et si d'une façon ou d'une autre je t'avais permis d'en venir jusque là? Peut-être savais-tu que je te trouvais beau?


J'ai le cœur qui débat ce soir parce que je réalise l'absurdité de mon raisonnement. J'avais douze ans, j'étais immature. J'avais une permanente mal réussie, des grosses lunettes dont le verre si épais me déformait les yeux. Je portais des camisoles sport en guise de soutien-gorge, je portais des chandails Mickey Mouse. J'étais une enfant qui avait l'air d'un enfant. Je ne connaissais pas les hommes, je ne connaissais pas le jeu de séduction propre aux adultes. Comment ais-je pu porter toutes ces années ce fardeau de culpabilité? 


J'ai repassé des milliers de fois ces nuits-là. Mes parents étaient partis en vacances, une vieille dame nous gardait. Elle a fait un arrêt cardiaque et ils t'ont demandés de rester avec nous. Tu as accepté et honnêtement je me souviens clairement d'avoir été contente que ce soit toi. Une raison de plus qui m'a poussé à croire durant toutes ces années que c'était peut-être de ma faute. Je dormais cette nuit-là lorsque je me suis réveillée parce que quelque chose de lourd était sur moi, c'était toi. Couchée sur le sol, le bas de mon pyjama enlevé, je ne comprenais pas ce qui se passait. J'ai eu mal très mal. J'ai pleuré, je t'ai dit non, je t'ai supplié. Tu m'as fait taire, je me suis réfugiée dans le silence des larmes qui coulèrent sur mes joues. Tu t'es levé en m'ordonnant de me recoucher, je t'ai écouté. Deux autres nuits se sont enchaînées, trois autres nuits dont je porte encore le poids des larmes versées. 


Mais comment ais-je pu croire que j'avais pu le mériter? Je tremble en écrivant ces lignes car une infime partie de moi le pense encore. Je n'avais que douze ans, je n'étais qu'un enfant! J'ai 4 filles dont trois qui ont eu 12 ans. Je les ai observées durant leur douzième été, me disant à quel point elles étaient petites, à quel point il était impossible qu'elles lancent le signal à un adulte qu'elles pouvaient d'une façon ou d'une autre indiquer leur accord à une relation sexuelle. Comment ais-je pu croire que pour moi cela avait pu être différent?


Lorsqu'on a douze ans on ne donne pas notre accord à un homme, il le prend! Lorsqu'on dort et qu'on a jamais eu de relation sexuelle de notre vie, on ne peut pas donner notre accord, il le prend! Trouver un homme beau, n'est pas un acte de consentement à une relation. Lorsqu'on a douze ans, nous avons le bégin pour des acteurs, des p'tits gars de notre classe, les frères plus vieux de nos amis mais nous ne voulons pas coucher avec eux pour autant! On n'accepte pas la sodomie ! On accepte pas de perdre notre virginité non plus aux mains de ceux qu'on trouve beau !


Dire que je me suis sentie coupable toute ma vie simplement parce que je t'avais trouvé beau ! La vérité c'est que tu m'as violé, que tu méritais les six mois de prison que tu as fait, que tu m'as enfermée durant une vingtaine d'années dans une prison encore pire que la tienne, celle de la culpabilité !


Il est impossible que je sois la seule à croire que j'aurais pu le mériter d'une façon ou d'une autre. Je suis un livre ouvert, je raconte ma vie à qui veut l'entendre mais ce que j'ai écris dans ce billet, je ne l'ai jamais dit à personne ! Lorsqu'on me disait que j'étais courageuse d'être passé à travers cela, je me disais dans le fond de mon coeur que je n'étais pas courageuse, que j'étais coupable de l'avoir trouvé beau ! Personne ne sait le nombre de fois où j'ai pu me demander si c'était de sa faute ou de la mienne! Si vous vous reconnaissez dans ce texte et que vous avez envie d'en parler, n'hésitez pas à m'écrire, je prendrai votre main, j'écouterai votre histoire. 


Après toutes ces années, je peux dire avec une quasi certitude que tu m'as violée et que je ne l'ai pas cherché car à douze ans on cherche tout sauf ça !

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