dimanche 26 mars 2017

En 1980


Je suis née à la fin des années 1970, à l'époque où tout était brun et beige. Le mobilier, les façades des maisons, les voitures, les vêtements, tout y passait et pire encore, tout était ton sur ton. En 1978, Travolta faisait frissonner les "ma tantes" là où ça chatouille. J'ai grandi dans le temps où presque rien n'était interdit, où la fumée de cigarette guérissait supposément les maux de gorge et les otites. Ce temps où les bébés étaient nourris à grandes cuillèrée de céréales dès le premier signe qu'ils étaient prêts, c'est-à-dire vers l'âge de 3 semaines, où on calmait leurs pleurs à grand coup de suce trempée dans le sirop d'érable. Puis, mon enfance s'est dessinée sous l'influence des années 1980, en ce temps précis où les dents naturelles étaient rarissimes, où l'on célébrait notre majorité en arborant fièrement notre nouveau set de dents en plastique.


Les fameuses années 1980 où j'ai connu la danse des canards mais surtout l'inoubliable coupe de cheveux de Nathalie Simard. J'ai vu les adultes se bomber le torse en citant René Lévesque, je les ai vu revendiquer avec ferveur le pays qui selon eux leur revenait de droit. Je les ai vu aussi devenir morts de peur devant le sida, ce nouveau fléau qui semblait les effrayer comme si leur vie en dépendant. Je les ai vu éviter soudainement leur frère ou leur ami sous prétexte qu'ils étaient homosexuels, qu'ils n'étaient pas normaux.

Je viens de ce temps où s'habiller "Au Cotonnier" était cool, où porter des vêtements Vuarnert ou du "hand loose", l'était encore plus. Je viens de ce temps où toutes les familles avaient une ma tante Ginette qui venait de se découvrir un certain talent pour la réalisation d'affreuses permanentes, bref de ce temps où nous avions tous les cheveux grichoux, brûlé de par ces d'à dangereuses expérimentations. Je suis passé de petite à grande fille dans cette décennie où la toilette du matin nécessitait une bouteille de fixatif à cheveux pour se crêper le toupet en chantant à tue-tête "Vivre dans la nuit".  J'ai survécue à la mode des coupes champignons mais pire encore des coupes Longueuil. 

J'ai grandi en un temps où nous retrouvions les enfants à l'extérieur qui jouant pour la plupart tous ensembles jusqu'à ce qu'un de leur parent crie leur nom dans la ruelle.  signe manifeste qu'il avait besoin de lui pour une commission. En effet, l'enfant dont le principal rôle était "commissionnaire aux commissions du dépanneur",, s'y rendait alors accompagné de tous les jeunes de la rue, achetait les cigarettes, le 2 litres de Pepsi et quelques minis, allait les porter à sa mère en courant puis retournait jouer jusqu'au souper.

En 1980, j'avais une poupée qui sentait les Fraises, je mangeais des céréales qui goûtaient les fraises. En 1980, tout était possible, tout était beau, tout était fluo. Enfin libérés du brun et neige, les gens devenus fous optèrent pour le flamboyant, le plus que pas assez le maudît fluo. Mes années 80 furent marquées par Alf, Punky, Madonna, Calimero, Remy, Épopée Rock, Diane tell, Charlebois, Mickael Jackson, de Mickaël J Fox qui se promenait à travers le temps dans sa DoLorean.

Nous fabulions autourdun feu dans un camping douteux en racontant qu'en l'an 2000 les voitures voleraient, qu'on pourrait se voir en parlant au téléphone, que nous aurions des robots en guise de serviteurs. Je ne vous parle pas ici de nos espérances de parvenir à nous téléporter, à trouver un remède au cancer, à concevoir une pilule qui nous rendrait éternelle.

Je suis une petite fille des années 1980 et j'en suis sacrément fière lorsque j'y pense :)

Aux portes de la dépression

Tel un funambule, je marche précairement sur un fils de fer. Contrairement au funambule, je n'ai ni l'agilité, ni l'équilibre pour effectuer un tel exploit. Je vais tomber, je le sais, c'est l'évidence même. Mais je n'ai pas le choix, je suis déjà engagée sur ce mince fil. Que je rebrousse chemin ou que je continue jusque sur l'autre rive, la distance et la même et le risque s'équivaut. Je suis fatiguée, dans mon coeur et dans ma tête. Mes pensées m'épuisent, mes jambes tremblantes ne semblent plus vouloir me supporter. Je me sens prise dans ce bonheur illusoire qui est pourtant supposé me combler de bonheur. Ne suis-je pas une combattante, une guerrière, une exemple de courage? Mais non, je ne suis qu'une pauvre femme dans toutes sa complexité.

J'ai l'impression que la dépression est à ma porte. J'ai barricadée toutes les entrées, je pousse contre la porte, je tente de la repousser, de l'empêcher d'entrer mais elle me semble plus forte que moi. La barrière que j'ai construite avec des pièces trouvées ici et là, menace de céder à tout instant. Même le chien que je me suis procurée pour m'en protéger semble terrifié devant son insistance. L'ombre d'une imminente dépression menace l'accalmie de mes nuits faisant de mes songes, un amasis de cauchemars me réveillant par mes propres hurlements.

Je me cache sous mon lit, espérant la semer. Je ne pourrai pas passer le reste de mes jours à la fuir, à tenter de la semer. Je n'aurai sans doute pas le choix de la piéger, d'y faire face, de la regarder droit  dans les yeux.

Il paraît que j'ai tout pour être heureux, que je n'ai aucune raison de me plaindre. Il paraît qu'il y a des gens qui vivent des épreuves beaucoup plus difficiles que les miennes. On raconte que je n'aurais qu'à me botter les fesses et que tout finira par bien aller. On raconte même que se mettre une telle chose dans la tête, c'est finir par y croire par choix.

Tout ira bien, je le sais bien, j'avais seulement besoin de lever le drapeau blanc...