Tel un funambule, je marche précairement sur un fils de fer. Contrairement au funambule, je n'ai ni l'agilité, ni l'équilibre pour effectuer un tel exploit. Je vais tomber, je le sais, c'est l'évidence même. Mais je n'ai pas le choix, je suis déjà engagée sur ce mince fil. Que je rebrousse chemin ou que je continue jusque sur l'autre rive, la distance et la même et le risque s'équivaut. Je suis fatiguée, dans mon coeur et dans ma tête. Mes pensées m'épuisent, mes jambes tremblantes ne semblent plus vouloir me supporter. Je me sens prise dans ce bonheur illusoire qui est pourtant supposé me combler de bonheur. Ne suis-je pas une combattante, une guerrière, une exemple de courage? Mais non, je ne suis qu'une pauvre femme dans toutes sa complexité.
J'ai l'impression que la dépression est à ma porte. J'ai barricadée toutes les entrées, je pousse contre la porte, je tente de la repousser, de l'empêcher d'entrer mais elle me semble plus forte que moi. La barrière que j'ai construite avec des pièces trouvées ici et là, menace de céder à tout instant. Même le chien que je me suis procurée pour m'en protéger semble terrifié devant son insistance. L'ombre d'une imminente dépression menace l'accalmie de mes nuits faisant de mes songes, un amasis de cauchemars me réveillant par mes propres hurlements.
Je me cache sous mon lit, espérant la semer. Je ne pourrai pas passer le reste de mes jours à la fuir, à tenter de la semer. Je n'aurai sans doute pas le choix de la piéger, d'y faire face, de la regarder droit dans les yeux.
Il paraît que j'ai tout pour être heureux, que je n'ai aucune raison de me plaindre. Il paraît qu'il y a des gens qui vivent des épreuves beaucoup plus difficiles que les miennes. On raconte que je n'aurais qu'à me botter les fesses et que tout finira par bien aller. On raconte même que se mettre une telle chose dans la tête, c'est finir par y croire par choix.
Tout ira bien, je le sais bien, j'avais seulement besoin de lever le drapeau blanc...
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