jeudi 6 août 2009

Naitre ou mourir?





Hier restera à jamais gravé en moi. Cette peine, cette souffrance, cette impuissance, jamais je n'oublierai. Je donnerai n'importe quoi pour que hier ne fut jamais hier, qu'il soit un hier différent. Quel attroce malheur! Je fus le temoin d'un drame, d'une injustice divine, d'un destin qui n'aura jamais de lendemain. Mon amie Martine devait donner naissance à son deuxième fils dans les jours à venir. En couple avec son conjoint depuis plus de sept ans, elle avait longuement réfléchi avant de se décider d'être mère à nouveau. Séparée du père de son fils de neuf ans, elle en a tellement arrachée ma belle Martine afin de se reconstruire une petite vie tranquille. Elle retourna à l'école, y a passa plus de trois ans tout en ayant peine à joindre les deux bouts.Ce n'est qu'après d'incalculables efforts, qu'elle décrocha finalement son diplome en hotellerie. Elle venait tout juste de dérocher un emploi qu'elle adorait lorsqu'elle apprit qu'elle attendant son deuxième enfant. Ravie, elle éprouva néanmoins de nombreuses craintes comme celle de devoir tout recommencer. Était-ce raisonnable après tous les efforts qu'elle avait mis afin de réaliser son objectif de carrière. Des années durant, elle avait visualisé son rêve afin de persévérer, de continuer de ne pas tout abadonner malgré les embuches qui survenaient sans cesses. Yan, son copain rêvait pour sa part d'avoir cet enfant. Il le voulait à un point tel qu'il changea son mode de vie. Il devenu père le jour où il su que Martine était enceinte. Cette dernière décida donc de foncer tête baissée. Elle affronterait l'avenir un jour à la fois. Elle voulait cet enfant, elle le voulait pour Yan et pour elle aussi. C'était son cadeau à l'homme de sa vie, son ultime preuve d'amour. Il voulait être père, il le serait! Elle le laissa choisir le prénom, le parrain, la marraine. Elle lui organisa un shower. Elle se retira de son travail dès le cinquième mois, pris mille et une précaution pour livrer l'héritier a terme.


Voila qu'il y a trois semaines, elle éprouva quelques malaises inexplicables. Des douleurs récurantes, de la haute pression... Elle fut transfèrée d'urgence à Ste-Justine où il devait lui faire une césarienne sans tarder. Le lendemain, elle obtenait son congé et fut transferée a Valleyfield sous observation. Deux experts de Ste-Justine l'ont examinés en disant qu'à son retour a Valleyfield elle devait être accouché dans un délais ne dépassant pas les 35 heures. Hier matin, soit une semaine plus tard, elle se chicana avec son docteur . Elle le supplia de la délivrer, disant qu'elle sentait que quelque chose n'allait pas, que son bébé n'était pas bien. Pour toute réponse, son médecin répondit que c'était elle qui engendrait ses malaises à trop vouloir être délivrée. Certains disaient qu'elle devait accoucher sans tarder tandis que les autres prétendaient que puisque tout était sous controle il valait mieux laisser la nature suivre son court... Hier matin, le coeur du petit Yan-Alexandre battait, hier midi son coeur ne battait plus. Hier à cinq heures, je me présenta au chevet de mon amie ne sachant trop que dire, que faire. Je fus anéantie en comprenant qu'elle portait toujours l'enfant car elle n'accoucherait que le lendemain matin afin que le spécialiste en mort prénatal devait être présent! Comment vous décrire sa peine? Je l'entends encore dire à l'infirmière tout en pointant de ses deux mains son ventre devenu le cercueil de son fils tant attendu :" je ne les prendrai pas les pilules, cela ne sert plus à rien des pilules pour la pression, mon bébé est mort, il est mort !!!" Je revois encore l'impuissance de Yan, je ressens encore la lourdeur de sa peine. Lorsque je lui demanda s'il voulait être seul auprès de Martine, s'il désirait que je sois là, il me répondit les yeux empreints de a souffrance:" Melan, je ne suis pas capable d'être là, qu'est-ce que je peux y faire? Il est mort Mélan, il est mort, je ne suis pas capable". Sur ce, je lui promis de ne pas quitter le chevet de notre belle Martine. Moins dune heure après mon arrivée, elle perdit du sang. Le travail commença. Sa soeur Krystel, lur mère et moi sommes restées auprès d'elle lui démontrant maladroitement notre amour. A une certaine période, je fus longuement seule avec elle. Nous avons pleuré sans ne rien dire. Nous avons philosophé, nous avons rit, nous avons cherché le pourquoi du comment. Ce fut un moment troublant mais combien profond. Je caressa son ventre lors de ses contractions en lui disant combien je l'admirais. Nous avons discuté de l'après. Devrait-elle voir son fils? Devraient-ils lui offrir un enterrement ou de le laisser à l'hopital avec tous les autres anges qui y ont trouvé le repos éternel? C'est alors que je lui promis de regarder on fils pour elle, de le lui dire combien il serait beau.


Je revois encore le sang, tout ce sang... Et ma belle Martine si forte. Je ressens encore mon coeur se torde à la vue de ce petit ange couché sur le côté. Ce petit être sans vie qui vient à peine de naître ou de mourir, je ne sais plus... Je revois le bol. le placenta, le petit noeud dans le cordon. Je revois cette petite chambre remplie de femmes se soutenant dans la douleur. Voulant respecter mon amie dans son intimité, je ne savais plus où me placer, où regarder. J'ai attendu avec mes compères que le bébé soit lavé et habillé .Emmailotté dans sa petite couverture, reposant dans son petit landeau de verre, il était si beau ! J'ai longuement observé sa petite bouche, ses minuscules doigts, ses petits pieds cachés sous des pantoufles blanches. Son souvenir m'obsède encore, ma peine ne se dissipe pas. Jai fait la rencontre d'un petit ange blanc que je porterai à jamais en moi. Je lui aie dit au revoir avant même de lui dire bonjour.