J'ai une période de probation de trente jours où mon travail est évalué et même noté! J'ai tellement peur de ralentir mes nouvelles collègues, j'angoisse à l'idée qu'elle se frotte le front du revers de la main en se demandant pourquoi je fus embauchée! J'ai longtemps cru que je n'étais faite pour aucun métier. En fait, j'avais à peine 8 ans la première fois où j'ai affirmer haut et fort que je serais écrivaine! J'en avais l'absolue conviction. Ce n'était pas un rêve ou une quelconque fabulation enfantine, c'était plutôt une certitude. C'était plus qu'un but à atteindre, c'était viscérale ! C'est au même âge que j'ai commencé à lire tout ce qui me tombait sous la main. A mon dixième anniversaire j'avais déjà lu des oeuvres de Michel Tremblay, Agatha Christie, des encyclopédies "Tout connaître" et plusieurs briques !!! Ce fut mon enfance, mon doux refuge où accompagné de ces auteurs, j'ai maintes fois recréé le monde ! C'est à cet même époque que mon père installa une immense bibliothèque dans le salon qui faisait tout un mur de long! Il avait acheté dans une vente de garage des boites et des boites de livres en me disant: " Tiens ma fille c'est pour toi" ! Puis, il était apparu un matin avec une dactylo qui changea ma vie ! Assise par terre en Indien, ma précieuse dactylo posée sur le banc du piano j'écrivais des heures durant. C'est à quinze ans que j'écrivis mon premier roman. Je ne vivais que dans l'attente de mon heure de gloire convaincue que je réussirais à vivre de mon écriture.
Inutile de préciser à quel point je fus anéantie le jour où je compris que je parviendrais probablement jamais à publier un de mes manuscrits... Je me retrouvais devant aucun plan de vie car j'avais omis penser à un plan B .... J'ai erré des années durant dans le néant, me contentant de mon rôle de mère tout en me convainquant qu'il m'était impossible de travailler puisque je devais prendre soin de ma progéniture! Pffffffffff la belle excuse! Je croyais simplement que je ne pourrais rien faire, que je ne savais rien faire! Mes enfants me servaient simplement de prétexte pour ne rien faire! Un amalgame de lâcheté et de manque de courage me prolongeait dans cette désolante oisiveté.
Lorsque ma mère tomba gravement malade, j'ai eu une espèce d'illumination ; je devais aller suivre mon cours de préposée je devais le faire pour elle. Je me devais d'être en mesure de l'accompagner dans la maladie, de la soutenir et de la rassurer de par ma présence et ma profession. Sans le savoir, je venais de trouver ma voie! J'ai la certitude que je suis faite pour ce métier, que c'est le chemin que je veux suivre, que c'est l'endroit je me dois d'être. Je vais continuer à tout faire pour me surpasser, à faire chaque jour un pas de plus vers la réussite, vers mon destin :)