mercredi 12 mai 2010

L'amour d'une mère


Ces dernières semaines se sont déroulées sous le thème de la guérison. En arrêt de travail depuis près d'un mois, j'ai dû prendre mon mal en patience afin de donner à mon corps le temps de guérir lentement . Persuadée que rien n'arrive pour rien, je compris au fil des jours que la vie me donnait de par la force des choses le temps nécessaire pour tenter de guérir ma famille qui souffrait depuis trop longtemps. Les tensions entre mes filles et moi étaient à son paroxysme, au point tel que nous nous isolions les unes des autres. Plus aucune marge d'erreur n'était permise, notre intolérance mutuelle ne nous accordait plus aucun pardon. Une trêve s'imposait, notre équilibre familiale aussi précaire soit-elle en dépendait. Bien qu'armée des meilleures intentions du monde, les premières semaines passèrent pourtant sans que je ne puisse faire aucune tentative de réconciliation tant la douleur due à mon entorse dorsale me rendait irritable. Je parvins tout de même à désamorcée un peu la situation, du moins c'est ce que je croyais jusqu'au soir où mon aînée me fit une demande qui me brisa le coeur. Ressentant le besoin voire même la nécessité de s'éloigner de moi, elle manifesta le désir d'aller passer une semaine chez ses grands-parents paternelles. Je la laissa partir en me jurant que je ferais tout en mon pouvoir afin que plus jamais elle ne ressente un tel besoin. Je me devais de traverser le pont qui nous séparait, j'irais la rejoindre à la nage s'il le fallait.

C'est étrange lorsque j'y pense car si mon histoire d'amour avec mon aînée débuta avant même sa naissance, le véritable coup de foudre est tant qu'à lui ressent. J'ai aimé cette petite fille avant même que le test acheté en pharmacie ne me confirme ce que je devais déjà car je savais qu'elle grandissait en moi avant même qu'elle ne soit scientifiquement perceptible. J'avais à peine seize... J'imaginais alors que l'instant où je tiendrais enfin mon trésor dans mes bras représenterait le jour le plus grandiose de ma brève existence. J'étais persuadée que tout comme dans les films, je me sentirais portée par un état de grâce suprême allant jusqu'à entendre un musique divine tandis qu'on me déposerait l'enfant chéri dans les bras. Le jour de sa naissance se déroula relativement facilement quoique je n'étais pas préparée à une douleur aussi intense... Lorsque je fus finalement délivrée du fruit de mes entrailles et qu'on l'a déposa contre mon sein, je fus étonnée de ne pas me sentir instantanément maman. Contrairement à ce que je croyais, je me sentais exactement la même. Le grand livre de la maternité ne s'était pas ouvert devant moi, je ne possédais pas ce savoir absolu, aucun instrument céleste n'avaient résonné dans cette chambre stérile. Certes, je regardais ma douce petite fille avec fierté et amour non dissimulé sans me sentir divinement mère pour autant. Les premiers mois de sa vie furent pavés de pleurs reliés à d'insupportables coliques ce qui me porta au comble de l'impuissance. J'aimais mon enfant sans tout fois ressentir ce miracle maternelle que j'espérais tant. J'ai toujours cru que je ressentais cette peur viscéral de ne pas m'attacher jusqu'à la folie à cet être puisque c'était trop beau pour moi, que la vie finirait par me la reprendre d'une façon où d'une autre tout comme elle m'avait précédemment prit tout ce qui m'était précieux. Peu après mes dix-neuf ans, j'étais mère de deux fillettes. Leur père et moi étions au centre d'une histoire d'amour des plus tumultueuse voire même malsaine. Un amalgame de violence verbale et de jalousie excessive prédominait sur les moments d'accalmie.

Je fus si absorbée par les problèmes du quotidien que j'oubliai à quel point j'étais bénie d'avoir trois filles aussi exceptionnelles. Le jour où je devins mère mono parentale, j'eus tant de mal à assimiler ce fardeau de responsabilités qui incombait désormais qu'à moi seule que j'oubliai encore plus à quel point j'étais privilégiée d'être la mère de trois merveilleux miracles. Ce n'est que dernièrement dans l'antre de la tempête que je compris, que j'entendis cette musique tant espérée. Je ressentis alors l'instinct maternel m'appeler si fort que j'en perdis l'ouïe. Cependant, le fossé que j'avais moi-même crée menaçait de s'effondrer à tout instant.

Lorsque ma grande fille manifesta le désir de s'éloigner de moi, je compris alors que je me devais de me rapprocher d'elle. Je réalisa à quel point je l'aimais et que pour rien au monde je ne désirais devenir une source de malheur pour elle. C'est alors que l'amour que je lui portais depuis si longtemps me frappa de plein fouet. Comme je l'aimais ! C'est en analysant minutieusement mon comportement, mes réactions, mon écoute et ma façon d'interagir avec elle que je compris que je ne lui apportais pas ce dont elle avait besoin en ce moment précis de sa vie. Je me devais d'adoucir le timbre de ma voix afin de masquer toute forme de reproche, je me devais de nuancer mes propos afin qu'ils s'harmonisent avec ce dont elle avait besoin d'entendre. Je me devais d'être là pour elle, de m'intéresser à ce qui l'anime, de m'immiscer subtilement dans son monde.

J'ai littéralement eu un coup de foudre pour cette adolescente qui hier encore était la cause des cheveux bancs que je tente maladroitement de cammoufler. Je suis heureuse lorsqu'elle est tout près de moi, lorsqu'elle me raconte joies, lorsqu'elle m'appelle afin de me demander conseil et lorsqu'elle raccroche en disant: " bye maman, je t'aime", je sais que nous sommes sur la bonne voie...

Je t'aime ma grande fille xxx




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pourquoi avoir arrêté ce blog? le l'aimais bien!


Une lectrice timide...

Mélanie Calvé a dit…

Chere Lectrice Timide :)
J'avais simplement pris un petit moment de répit :)

Merci du commentaire :)
Au plaisir :)